ALTO (latin)
1. Rendre haut. Élever. 2. Incubateur d’histoires en provenance du Québec, du Canada et du reste du monde.

Alto multiplie les coups d’éclat et les projets atypiques depuis maintenant quinze ans. « Le fondement de ma vision du métier a toujours été de trouver le plus de ponts possible entre le texte et les potentiels lecteurs », explique le fondateur et capitaine d’Alto, Antoine Tanguay. Si la littérature en signaux de fumée ou en code morse suscitait un intérêt certain (ou un certain intérêt), Alto explorerait le filon. «La curiosité est notre boussole. Nous allons constamment nous remettre en question, surprendre et détonner», promet l’éditeur (d)étonnant.

Les histoires, les romans, les récits sont un carburant inépuisable. « Je n’ai jamais senti, en quinze ans, un affaiblissement de la soif de se faire surprendre des lecteurs. Même en 2020, l’envie de redéfinir notre pratique de l’acte d’édition est toujours aussi brûlante. Le plaisir aussi, et je pense que les gens qui lisent nos livres le sentent. »

Un ADN à deux branches

La génétique d’Alto, d’abord née comme une division « fiction » de Nota Bene, entremêle à ses débuts l’influence de deux maisons d’édition. D’abord, L’Effet Pourpre, qui multipliait les propositions novatrices et frondeuses pour présenter ses livres d’une manière unique — dans un sac de plastique comme une pièce à conviction, imprimé de travers parce que le texte avait «bousculé» le graphiste… Puis, Les Allusifs, où Brigitte Bouchard avait « le cran et l’audace d’aller chercher des plumes affûtées de la littérature d’ailleurs pour les traduire et les publier ici, au Québec », note Antoine Tanguay. Dès sa première saison, Alto publie un Québécois (Nicolas Dickner), un Canadien-anglais (Clint Hutzulak) et un Australien (Tom Gilling).

Le phénomène Nikolski

Alto démarre avec Nikolski de Nicolas Dickner, un livre édité au fil de fébriles séances de travail au Café Loft dans le quartier Saint-Roch. Le premier tirage est de 900 copies. Mais la demande est supérieure. On réimprime avant la date de parution. La première couverture est développée à partir d’une illustration achetée par téléphone à un antiquaire du Nouveau-Mexique et tirée du livre Narrative of the Expedition of an American Squadron to the China Seas and Japan. L’ouvrage est d’ailleurs cité dans le roman — le genre de clin d’œil dont raffole Antoine Tanguay, qui n’aurait sans doute jamais été éditeur s’il avait achevé son projet de maîtrise sur l’œuvre de Paul Auster. Question de susciter l’engouement, Nicolas et lui préparent un livre de colportage (chapbook), un MiNikolski. Le premier chapitre est imprimé, assemblé et broché avec quatre couvertures différentes, de la manière la plus artisanale qui soit. Puis, les ouvrages sont abandonnés dans plusieurs endroits de la ville.

Joies et déboires de l’édition

Quinze ans d’édition ont été marqués par plusieurs hauts et quelques bas — comme dans chaque métier, il y a des journées qu’on préférerait oublier. Les aléas du financement, la très intimidante Foire du livre de Francfort et faire le pied de grue dans les corridors de maisons prestigieuses pour convaincre des éditeurs établis de céder des droits pour le Québec ont été à l’origine de quelques larmes et grincements de dents. Chaque projet d’édition est toutefois, pour Antoine Tanguay et sa vaillante équipe d’altistes (ou altoïdes, pour citer Nicolas Dickner), une nouvelle occasion d’apprendre.

CODA, démocratique et chic

CODA (italien)

1. Dans une œuvre musicale, tout développement de caractère libre. Mesures finales d’un morceau de musique. 2. Collection dédiée à la (re)découverte à moindre coût d’œuvres à l’abri du temps.

Il n’y a pas de livres de poche chez Alto, mais des CODA, reconnaissables à leur format un peu plus vertical que les autres, à leur maquette unique et à leur prix, plus démocratique que les Alto réguliers. Le but ? Offrir une réédition abordable qui a la classe du grand format. La collection permet aussi de publier des titres injustement passés sous le radar alors qu’ils étaient publiés ailleurs. Pensons à LoveStar, Tous mes amis sont des superhéros et N’essuie jamais de larmes sans gants.

A comme « anecdotes »

• Le grand Alberto Manguel a dicté la préface d’Un jardin de papier de Thomas Wharton (traduit par Sophie Voillot) au téléphone à un jeune éditeur fort nerveux.

• Le premier chèque de droits d’auteur de Nicolas Dickner lui a été remis à l’intérieur d’un bar rayé déposé sur un lit de glace dans une boîte de styromousse.

Alexandre Bourbaki n’existe pas.

• Éditeur festif, Alto a organisé pendant quelques années La Boum, une fête dansante fort appréciée des gens du milieu du livre. On y a entre autres appris que Simon Boulerice est très souple et qu’Antoine Tanguay peut cumuler en une soirée les métiers de barman, gardien de sécurité et concierge.

• Alto devait originalement s’appeler Ibis Rouge, puis Autremer.

Le plaisir de souffler les bougies

Pour souligner son cinquième anniversaire, Alto a offert aux lecteurs une mini-collection baptisée « On n’a pas tous les jours 5 ans » composée de Le cœur de la crevette, de Christine Eddie, Projet Perfecto, de Serge Lamothe, DaNse contact, TV Satelite, CuisiNe Familial, de Nicolas Dickner, La roue et autres descentes, de Max Férandon, et Grotto, de Martine Desjardins. Cet éventail particulier illustre la variété de tons et d’imaginaires qui caractérise le catalogue d’Alto, mais surtout la singularité et la force des écritures qu’elle défend. Pour ses dix ans, un catalogue déjanté situant les livres d’Alto à travers les époques, sur une carte du monde et les insérant dans des jeux est publié.

Vitesse de croisière

À partir de 2010, les choses s’accélèrent pour Alto. Les prix remis aux auteurs s’accumulent et la réputation de la maison s’étend au-delà du Québec. Tania Massault (administration et droits) arrive en renfort, suivie de Chloé Legault (production), Christiane Vadnais (recherche et développement), Anne-Marie Genest (communications et salons du livre) et, cette année, Josianne Desloges (production) et Catherine Leroux à l’édition. La volonté de surprendre à chacune des saisons engendre un catalogue de plus en plus diversifié, avec de la BD (les ouvrages de Tom Gauld et Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, d’Emil Ferris) et des livres illustrés (les livres d’Edward Gorey et Des souris et des hommes, par Rébecca Dautremer) et parfois, des inclassables (Révolutions de Nicolas Dickner et Dominique Fortier, limité à 1793 exemplaires numérotés). Plusieurs titres du catalogue connaissent de nouvelles vies ailleurs sur la planète — comme L’orangeraie, publié dans une vingtaine de pays. Par souci environnemental, les CODA sont publiés sur du papier recyclé. Et par conscience sociale, des ouvrages comme Santa et Le romancier portatif voient le jour pour venir en aide à différents organismes de bienfaisance. L’avenir s’annonce foisonnant, avec, entre autres rêves, les projets d’Alea.

Alea (latin)

1. Élément de risque (du latin classique, «hasard»). 2. Laboratoire éditorial.

«De tous les instruments de l’homme, le plus étonnant est, sans aucun doute, le livre.»
— J.L. Borges

Alto, maison curieuse, ajoute à sa quête de l’étonnant et du détonnant un nouvel outil: Alea, son laboratoire éditorial. Terrain de jeu pour éditeur à la tête remplie de livres impossibles, sorte de secteur «recherche et développement», Alea est à Alto ce qu’une cour est à une maison (d’édition): un espace pour jouer et cultiver de nouvelles pousses. Lire la suite...

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