Duo d’artistes français, Kerascoët est composé de Marie Pommepuy et Sébastien Cosset. On leur doit notamment la bande dessinée Jolies ténèbres (en compagnie de Fabien Vehlmann) et la série Beauté (scénario de Hubert). Nous leur avons demandé de créer une illustration pour la couverture de Mademoiselle Samedi soir, de Heather O’Neill.
Comment l’idée de travailler en duo vous est-elle venue ?
Le fait de travailler ensemble résulte plus d’un concours de circonstances que d’une idée ou d’une volonté commune. Nous vivions dans un tout petit studio dans lequel il n’y avait de place que pour un seul vrai bureau. Nous nous marchions donc un peu sur les pieds et nos travaux ont fini par s’entrecroiser… puis par se fondre dans un travail commun au fur et à mesure que nous mesurions la complémentarité de nos capacités en dessin. Le déclic a été un concours (pour créer une des premières « BD Jazz » de la collection du même nom) : nous avions 15 jours pour faire un projet et dessiner les pages. Nous avons tellement eu de facilité à travailler ensemble (et en plus nous étions satisfaits du résultat) que nous avons continué.
Comment abordez-vous la création à quatre mains ?
Comme une partie de tennis (ou de ping-pong) : l’un engage et puis l’autre rebondit et ainsi de suite jusqu’à la finalisation. Parfois, c’est juste un qui commence et l’autre qui finit… En général, l’impulsion de départ est donnée par Marie et je suis le finisseur. Nous ne dessinons pas de la même manière et notre rapport à l’image n’est pas le même, ce qui fait que parfois la combinaison de nos dessins forme quelque chose de particulier. Marie voit les choses en deux dimensions et elle a un don pour insuffler de la vie aux personnages qu’elle dessine. Personnellement je vois plutôt les choses en trois dimensions, il me faut de la profondeur. Je construis souvent mes images autour de celles de Marie, pour essayer de les mettre en valeur et de rajouter parfois de la profondeur, justement… Récemment, nous avons pris un peu nos distances et réalisé des projets séparément, nous avons eu besoin d’aller nous ressourcer chacun de notre côté pour pouvoir revenir et rapporter quelque chose à notre binôme. L’envie de travailler ensemble est toujours là, mais après tout ce temps c’est un mode de création qu’il faut entretenir et cultiver avec beaucoup de vigilance et de soin.
Comment choisissez-vous les projets sur lesquels vous travaillez ?
Lorsqu’on nous propose une collaboration, nous sommes attentifs à deux choses :
1) Ne pas se répéter. Si on nous demande de refaire quelque chose que nous avons l’impression d’avoir déjà fait, ce sera sûrement non.
2) Le coup de coeur. On l’a ou on ne l’a pas, comme pour beaucoup de choses dans nos métiers c’est très subjectif et assez inexplicable…
Entre la BD, les albums jeunesse et les commandes d’illustrations, avez-vous des préférences ? Quels défis pose chaque type de projet ?
La bande dessinée c’est un marathon. Une course de fond dans laquelle nous avons énormément de liberté mais qui demande beaucoup d’énergie. Après avoir couru un, puis deux, puis dix marathons d’affilée, nous étions un peu essoufflés et nous avons cherché d’autres moyens de nous exprimer… Les albums jeunesse nous permettent d’expérimenter des choses sur un temps plus court. S’adresser aux enfants est un défi différent. En ce qui concerne les commandes, nous les voyons comme des sprints qui viennent étayer nos marathons et donner d’autres impulsions. Comme c’est souvent bien plus rémunérateur, cela nous permet de mettre un peu plus de temps sur nos albums.
Pouvez-vous nous dire sur quoi vous travaillez en ce moment ?
Nous travaillons sur un album jeunesse avec l’éditeur d’I Walk with Vanessa, Schwartz & Wade Books, qui est bien avancé. Nous travaillons également sur le développement de l’adaptation pour l’animation de Tobie Lolness de Timothée de Fombelle, et sur l’adaptation de nos livres Les Tchouks en animation avec Benjamin Richard. La nouveauté c’est que cette année nous allons a priori nous remettre à la bande dessinée (que nous avions mise de côté depuis quatre ans) avec un projet en compagnie de Flore Vesco édité par Dargaud.
Heather O'NEILL
Mademoiselle Samedi soir
« Un roman merveilleusement intrigant. [...] Mademoiselle Samedi soir est un délice qui se lit de manière compulsive, n’importe quel soir. »