Dans L’oiseau de pluie, Robbie Arnott interroge notre rapport à la nature. Entre fable, conte philosophique et suspense, le livre expose un mythe, une légende, celle d’un héron translucide, surgi des eaux, ayant la capacité de régir le temps qu’il fait. L’auteur tasmanien y met en scène deux femmes que tout oppose dans un pays anonyme en guerre, sur fond de climat changeant. Et au coeur de l’histoire, est posée la question du désir de contrôle, de possession, d’une humanité trop avide face à l’environnement qu’elle tient pour sien. 

Pour illustrer la couverture de L’oiseau de pluie, nous avons fait appel à Petros Koublis, photographe grec dont la pratique est entièrement consacrée aux paysages et aux animaux.

Alto : Parlez-nous de votre parcours.

Petros Koublis : Ma relation avec la photographie a commencé en 2000, après que j’ai consacré quelques-unes de mes années d’adolescence à la peinture. J’ai étudié la photographie à Athènes, où j’ai surtout développé mon style par une exploration personnelle constante. Je travaillais toujours sur des projets personnels en parallèle de mes commandes, ce qui a fait évoluer le style et l’esthétique de mes images. Depuis 2013, mon travail se concentre exclusivement sur la nature en tant que contemplation de l’amour et de la beauté, soit les deux éléments qui tiennent le monde. Avec ma femme, Claudia, nous avons créé une entreprise qui vend des lithographies et effectue des projets sur commande. Nous vivons à New York, et nous travaillons pour des clients européens et américains.

A : Plusieurs de vos photographies s’attardent aux hérons. Que voyez-vous en ces derniers ?

PK : J’ai grandi dans la banlieue athénienne, une région qui regorge de remarquables beautés naturelles, à l’ombre du mont Pentélique. Cette montagne est connue depuis l’Antiquité pour son marbre blanc pur utilisé dans la construction de plusieurs temples, dont le plus important est l’acropole d’Athènes. Non loin de chez moi, il y avait les marécages de Marathon, situés sur la côte nord-est de l’Attique. Ces marais sont irrigués par la source de Macaria, dite la « source bénie ». On trouve des descriptions très précises de cette région et de cette source dans des textes écrits il y a deux mille ans. C’est un secteur d’une grande valeur écologique, avec de nombreuses espèces d’oiseaux, dont des hérons. Ç’a toujours été une expérience extraordinaire d’être en présence de ces oiseaux dans un cadre aussi ancien. Il y a quelque chose d’envoûtant dans leur manière de voler et d’ouvrir leurs ailes, comme si le temps ralentissait. Je vois en eux la représentation parfaite du paysage lui-même, et les observer est devenu pour moi un acte méditatif.

A : Votre mère est écrivaine et vous-même lisez beaucoup. Aviez-vous entendu parler de Robbie Arnott avant d’accepter d’illustrer la couverture de son roman ? Y a-t-il un livre qui vous a récemment marqué ?

PK : Ma mère a toujours été une grande lectrice, et les livres jouent un rôle important dans ma vie depuis mon plus jeune âge. Elle a publié trois livres en Grèce et elle est sur le point d’en faire paraître un quatrième. Elle a toujours aimé les romans policiers et, naturellement, elle a transposé cette passion dans les pages de ses propres livres. Elle développe des histoires sur plusieurs plans autour d’un suspense central, révélant les relations secrètes entre les personnages et les événements qui font lentement remonter la vérité à la surface. J’adore lire ses livres, découvrir les petits souvenirs et éléments autobiographiques cachés dans ses histoires. Bien entendu, elle choisit toujours une de mes images pour la couverture de ses romans. Je ne connaissais pas les oeuvres de Robbie Arnott, mais je me suis procuré un exemplaire de The Rain Heron après que vous m’avez approché, et j’ai beaucoup apprécié sa prose et la richesse de son imagination. Je retourne toujours aux Noces de Cadmos et Harmonie, de Roberto Calasso. Je crois que c’est le livre qui m’a le plus marqué.

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Robbie Arnott

L'oiseau de pluie

« [...] une réflexion aussi fascinante qu’impitoyable sur la précarité des liens qui unissent les êtres vivants à la nature.»
Le Devoir

Traduit de l'anglais par Laure Manceau

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