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Christine Eddie

Les carnets de Douglas - Christine Eddie

Fiche de lecture

Le même jour, deux adolescents parviennent à fuir un destin qui les aurait emmurés. Ils se trouvent, deux ans plus tard, à Rivière-aux-Oies, un village beaucoup trop discret pour figurer sur une carte. Au cœur de la nature généreuse et sauvage, ils s’aiment, à l’abri des rugissements du vingtième siècle. Jusqu’à ce que la vie, comme d’habitude, fasse des siennes.

Fondu au blanc.

Les années passent, Rivière-aux-Oies se métamorphose avec, en arrière-plan, une révolution à peine tranquille et le saccage des bétonnières. Une famille singulière s’improvise, malgré les ragots et en dépit des blessures. Dans la maison du docteur, les liens se tissent avec tendresse. Un médecin au cœur rafistolé, une institutrice au nom imprononçable et une enfant surgie des bois vont peut-être permettre à Douglas d’entendre enfin la réponse du vent.

Une passion comme au cinéma, qui se déploie à l’ombre d’un arbre, d’une clarinette et de la beauté fragile du monde.

Informations pédagogiques

Époque.s

De 1950 à 1976

Lieu.x

Sainte-Palmyre, Saint-Lupien et Rivières-aux-Oies, des villages fictifs qui semblent québécois, même si le Québec n'est jamais nommé

Thème.s

L'amour, l'adolescence, filiation, la famille traditionnelle et les familles atypiques, le pouvoir réconfortant de la nature, la musique classique, l'engagement, la responsabilité

Style et construction du récit

Écrit en prose très imagée, voire poétique, le roman est divisé en sections divisées par des indications cinématographiques (fondu au blanc, plan d'ensemble...)

Pistes de réflexion

  1. Bien qu’elle semble se dérouler au XXe siècle, l’histoire demeure intemporelle et plusieurs éléments la rapproche du conte. On peut relever ces éléments en s’attardant aux lieux (le manoir des Brady, la maison des Tavernier, la forêt et le petit village de Rivière-aux-Oies), en se penchant sur les personnages qui se définissent essentiellement (bien que pas uniquement) par leur fonction dans l’histoire (le père violent, Mercedes l’apothicaire et Léandre le médecin) et en dégageant des thèmes (comme la nature, le rejet familial, l'amour).

  2. Chaque section du roman est chapeautée d’un titre qui emprunte au vocabulaire cinématographique («Plan d’ensemble», «Fondus enchaînés», «Accéléré», etc.). Analyser une section en fonction de son titre, montrer ainsi comment certains procédés sont transposables du cinéma au roman. Par exemple, avant de tourner un film, il faut trouver les lieux et les comédiens. La première section du roman, qui s’intitule «Repérage», sert justement à situer l’action dans des lieux et à présenter les personnages principaux.

  3. Le choix des noms Romain Brady et Douglas Létourneau ne sont pas anodins. Le prénom «Romain», associé à Rome et à l'Empire romain, est choisi par les parents du personnages, qui appartiennent à une famille riche et puissante. Le prénom «Douglas», attribué à l'homme qu'elle aime par Éléna, réfère à un conifère énorme, qui témoigne de la grandeur, de la force et de l'amour de la nature du personnage. Trouvez d'autres exemples où l'onomastique, la science qui étudie les noms propres, permet d'analyser un corpus littéraire.

En complément

LECTURES

Une petite robe de fête, Christian Bobin, 1991 (roman)
Les truites à mains nues, Charles Bolduc, 2012 (roman)
Soie, Alessandro Barrico, 1996 (roman)
Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant, Anne Hébert, 1995 (roman)
Ensemble c’est tout, Anna Gavalda, 2004 (roman)
Chrysalide, Aude, 2006 (roman)
Hansel et Gretel, Les frères Grimm, 1812 (conte)
Les poèmes d’Emily Dickinson

VERS D'AUTRES ARTS

Les peintures de Gustave Klimt
Les peintures de Mucha
La musique de Mozart, Liszt, Schumann, évoquée dans Les carnets de Douglas, lorsqu'il est question de l'amour patient et empreint de grâce partagé par Éléna et Douglas

Extraits

  1. p.64

    Quand j’étais petit, confia Douglas, j’étais déjà si grand qu’aucun bras n’était assez long pour me prendre avec lui et j’étais si ennuyeux que seulement les nuages et les arbres avaient envie de m’écouter et j’apportais tellement le malheur avec moi que, même le jour de Noël, ma mère pleurait et mon père pensait que le monde courait à sa perte parce qu’il n’y avait rien à faire avec ce garçon. Tu ne m’aurais pas aimé quand j’étais petit.

    — Je t’aurais aimé même si tu avais été un tremblement de terre, dit Éléna.

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