Couverture du roman Les grands espaces d'Annie Perreault, montrant une femme de profil devant une fenêtre
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Annie Perreault

Les grands espaces - Annie Perreault

Fiche de lecture

Au Nord, Anna entreprend de traverser le lac Baïkal, immensité gelée vieille de vingt-cinq millions d’années, capable de l’avaler à tout instant. Un homme surnommé l’Ours la recueille dans son antre. À l’Ouest, la fougueuse Eleonore s’enflamme pour le cosmonaute Youri Gagarine sans jamais l’avoir rencontré. À l’Est, dans les années 1990, une jeune Anna partage avec Gaby l’étoile filante un compartiment à bord du Transsibérien. Au Sud, Celle qu’on ne voit pas recolle les fragments de vie qui s’infiltrent dans son roman. Tous sont liés par une volonté d’avancer à l’instinct avec dans le coeur une boussole cassée. 

Annie Perreault signe un roman polyphonique d’une rare puissance, une vaste tapisserie d’obsessions et d’illusions, de grands froids et de silences, le récit de traversées courageuses de géographies trop vastes pour s’y sentir chez soi. 

Informations pédagogiques

Époque.s

Allers-retours entre le présent, les années 90 et les années 60

Lieu.x

Russie, Californie, Québec (Montréal, Rive-Sud, lac Champlain)

Thème.s

Liberté, voyage, contrées sauvages, épreuves physiques, amitié, solitude, imagination, psychiatrie, écriture, création, territoires nordiques

Style et construction du récit

Récit télescopique, où une histoire ouvre sur une autre, puis une autre, pour ensuite se conclure dans l’ordre inverse. Intrusions de «celle qu’on ne voit pas», la voix de l’autrice qui intervient dans son roman. Écriture précise et puissante, style sobre et lumineux.

Pistes de réflexion

  1. À l’instar de l’autrice, le personnage de Gaby collectionne les récits personnels, demandant à ses interlocuteurs de lui raconter la fois où ils ont eu le plus froid, soit physiquement, soit émotionnellement. Proposer aux étudiants d’écrire leur expérience de grand froid.

  2. Les passages autobiographiques apportent un éclairage sur les passages de fiction. Demander aux étudiants d’identifier cinq éléments du roman qui trouvent leur origine dans l’expérience de l’autrice.

  3. Les motifs de la glace et du feu, du froid et du chaud permettent d’articuler les rapports entre les personnages, ou leurs états émotifs. Effectuer avec les étudiants un exercice de repérage de ces éléments dans le texte, et discuter de leur signification.

En complément

LECTURES

Le cycle autobiographique de Deborah Levy (Ce que je ne veux pas savoir, Le coût de la vie et L’état des lieux)
La mouette, pièce de théâtre d’Anton Tchekhov
Tangente vers l’est, roman de Maylis de Kerangal
Douleur exquise, livre de Sophie Calle
Courir, roman de Jean Echenoz
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, essai de Haruki Murakami

VERS D'AUTRES ARTS

Dream Wanderers of Borneo, documentaire des frères Lorne et Lawrence Blair
La vie secrète des lacs : Le lac Baïkal, d’eau et de glace, documentaire produit par Nova Media
Les plages d’Agnès, film d’Agnès Varda
L’insoutenable légèreté de l’être, film de Philip Kaufman
One Flew Over the Cuckoo’s Nest, film de Milos Forman

Extraits

  1. p. 14

    Je cache dans mes profondeurs une vie dissoute, vieille de plusieurs millénaires. Je sais lire les âmes, même les plus troubles : elle n’y échappera pas.

    J’ai vu neiger, comme on dit là d’où elle vient.

    En temps et lieu, je saurai faire résonner ma parole sous-marine, filtrée par les éponges et les algues, portée par des trillions de litres d’eau et de glace. Pour le moment, elle la perçoit à peine, cette femme qui se tient à la surface, fascinée par ce qu’on ne voit pas, mais qui est là, enfoui, discret. Elle répond à des forces qui la mystifient, un magnétisme qu’elle ne cherche pas à sonder, persuadée qu’elle est de suivre sa pente, se laissant porter comme une brindille dans des eaux tantôt déchaînées, tantôt tranquilles.

  2. p. 55

    Je tourne autour de cette carabine fixée au mur d’une cabane sibérienne. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, mais je la plante dans le décor. Une obsession parmi tant d’autres. Elle est là à cause d’un drame familial, une histoire qui plane sur ma famille. Un accident de chasse. Je me dis parfois que c’est à cause du mystère entourant cet événement que je me suis mise à écrire, électrisée par toute la charge de silence accumulée dans la maison de mon enfance.

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