J’ai grandi à l’ombre des briques et j’ai appris à faire du vélo enveloppé dans le monoxyde de carbone. Il y avait des parcs mais surtout des rues. De l’air mais surtout du bruit. Des amis mais surtout des inconnus. Je suis un enfant de la ville, fils du béton, pour qui un renard ne vit qu’au zoo et un sapin ne pousse qu’à Noël dans le salon.

Parfois le samedi nous montions dans l’auto de mon père et partions vers la campagne, je ne me souviens plus pourquoi. J’aimais toujours le trajet mais je craignais la destination, rarement la même, toujours loin de cette ville qui me rassurait. J’avais le sentiment, en entrant dans un village, que je n’étais pas à ma place, que je dérangeais, que plus mon passage était bref, plus les habitants du coin étaient heureux.

Malgré tout, ces escapades familiales étaient pour moi des occasions de plonger dans un univers fantastique réservé aux contes, mon Narnia à moi : la vie de village, avec ses grands espaces et ses gens qui connaissent tout le monde, ses routes sans trottoir et sa faune semi-exotique. Ce qui m’émouvait dans mes découvertes n’était pas tant ce que j’y voyais, mais les différences entre chez moi et ces villages, le choc entre moi et eux, entre ici et ailleurs.

C’est ce choc que j’ai voulu raconter dans ce roman. La collision douloureuse entre un couple de citadins qui fuit ses problèmes et le lieu où ils atterrissent : un village à l’agonie aux prises avec ses propres difficultés, et qui n’a que faire de celles des autres.

Matthieu SIMARD

Ici, ailleurs

J’ai cru un instant qu’en venant ici nous pourrions nous réfugier dans un cocon d’arbres et brûler les draps de la chaleur de nos corps.

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