Michael McDowell © Ann McQueen

Alto publiera, entre mai et juillet 2022, la première traduction française de la saga Blackwater de Michael McDowell. Les six romans, d’abord parus aux États-Unis en 1983 au rythme d’un volume par mois, ont valu à l’auteur un énorme succès commercial et l’ouverture des portes d’Hollywood. Regard sur l’écrivain populaire et scénariste à qui l’on doit notamment Beetlejuice, maître de la littérature d’horreur entré dans l’histoire avec modestie.

Michael McDowell est né en 1950 dans le sud-est de l’Alabama, dans un environnement qui constitue pour lui une grande source d’inspiration, l’amenant à s’intéresser au poids de la morale sur les épaules des Sudistes, à leur côté torturé, gothique. Témoin de la relation charnelle que les gens entretiennent avec l’occulte et le surnaturel, il l’exploite dans nombre de ses récits, l’utilise comme moteur pour la narration. De sa propre fascination pour la mort, il fera une thèse de doctorat (L’attitude américaine envers la mort, de 1825 à 1865) et une vaste et curieuse collection d’artefacts mortuaires. Plaques provenant de cercueils de nourrissons, broches, photographies de corps embaumés, licences de croque-mort et autres articles remplissant 76 boîtes sont aujourd’hui conservés à la Northwestern University de Chicago.

Son premier roman, The Amulet, paraît en 1979 : une histoire macabre à l’humour noir au sujet d’une amulette tueuse ravageant les habitants d’une petite ville de l’Alabama. En moins de 10 ans, il écrit plus d’une trentaine de livres et assied sa réputation d’écrivain d’horreur. La famille est l’un des motifs récurrents parmi les sujets de réflexion de McDowell, une thématique qui le fascine et autour de laquelle est centrée l’œuvre de Blackwater. «Je trouve les familles violentes, oppressantes, manipulatrices... et pour toutes ces rai- sons, elles sont aussi particulièrement intéressantes.» Les relations familiales représentent pour McDowell autant de systèmes verticaux, de liens de domination liés à l’âge, aux ressources, au pouvoir, invitant aux drames. Loin d’être lourds, ces thèmes sont amenés avec humour, un humour sombre, subtil. «J’ai tendance à insister sur l’humour, car l’horreur paraît plus horrible encore quand on la laisse s’exprimer dans un contexte absolument banal.»

Je crois au pouvoir d’une éducation forte, celle de gens enfermés dans des cagibis obscurs jusqu’à la puberté. Et je crois surtout dans le fait d’y échapper [...]. Mais tout le monde ne peut pas s’échapper. Certains doivent grandir pour devenir à leur tour des parents, afin de pervertir leurs enfants, et que ces derniers puissent une nouvelle fois s’échapper et devenir comme moi.

Michael McDowell

C’est après la publication de sa saga mettant en scène la famille Caskey que s’amorce sa carrière cinématographique. De 1984 à 1996, il signe 11 épisodes de Tales from the Darkside et participe au film tiré de la série aux côtés de Stephen King ; il écrit pour Steven Spielberg ; il rédige et scénarise son histoire la plus célèbre – Beetlejuice – adaptée par Tim Burton et signe le scénario de l’adaptation du roman de Stephen King La peau sur les os.

Avant même ses premiers pas dans le monde du cinéma, l’imagerie cinématographique a un poids important sur le style de Michael McDowell, caractérisé par des images saisissantes, une maîtrise du rythme et de la temporalité de l’action. «Les films se déroulent en temps réel, il est donc possible d’avoir des événements soudains – une main peut surgir d’une porte en direct. Mais dans un livre, ça ne se passe pas comme ça. [...] Ces effets, on les obtient grosso modo avec des mots longs, des mots courts, des phrases longues, des phrases courtes, des sonorités – des mots abrégés ou des mots étirés. C’est une des choses qu’on apprend en écrivant beaucoup.» Son style est aussi marqué de l’influence d’Howard Phillips Lovecraft : «[Il] m’a appris plusieurs choses, et celle qui marque le plus mon œuvre, c’est l’esprit du lieu. [...] Il m’a également appris à me servir des sens, et en particulier ceux que l’on n’associe d’ordinaire pas à l’écriture, l’ouïe et l’odeur – surtout l’odeur.»

Michael McDowell est aussi engagé dans la lutte pour les droits civiques et les droits des personnes homosexuelles. En 1994, après un diagnostic de séropositivité, il se consacre majoritairement à l’enseignement de l’écriture de scénarios. Il meurt en décembre 1999, laissant derrière lui plusieurs projets inachevés dont un roman qui sera terminé par Tabitha King, Candles Burning, et publié à titre posthume en 2006.

Ce texte a été rédigé à partir du matériel aimablement fourni par Monsieur Toussaint Louverture.


Michael McDowell

Blackwater I – La Crue

Une atmosphère unique, à la croisée des univers de Gabriel García Márquez et de Stephen King.

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