Boo - Neil Smith
Fiche de lecture
Oliver Dalrymple est un garçon de treize ans à la peau pâle et au cœur troué. Tout le monde l’appelle Boo, en raison de sa blancheur fantomatique. Il est capable de réciter la table de Mendeleïev de mémoire sans omettre un élément, un atout malheureusement négligeable pour développer son réseau social. Boo, surtout, est mort devant son casier. Son cœur, croit-il.
Il se réveille dans un étrange au-delà : le Village. Un endroit où se retrouvent tous les jeunes de treize ans, « passés » comme lui d’un monde à l’autre. Johnny, un camarade décédé peu de temps après lui, lui révèle ce qui est réellement arrivé à l’école et lui annonce que le coupable se trouverait parmi eux. Les apprentis justiciers orchestrent alors une vendetta, sans se douter des conséquences.
Abordant avec humour, vivacité et courage la marginalité, l’intimidation et ce qui fait l’amitié, Boo prouve que même la vie au paradis peut être l’enfer. Et que parfois, pour mieux vivre, il faut apprendre à bien mourir.
Traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné
Titre original: Boo
Faits saillants
Roman qui s’inspire du genre du coming of age novel pour mieux le subvertir;
Histoire touchante sur l’intimidation et la différence, racontée avec candeur et humour;
Narrateur attachant et unique;
Réflexion passionnante sur l’opposition science/religion;
Fusillade, suicides (et tentatives de).
Informations pédagogiques
Époque
1979 et années 1990 (en plus d’un endroit où le temps est calculé différemment)
Lieux
Les États-Unis (plusieurs États sont mentionnés) et le Village, sorte de purgatoire où se retrouvent les adolescent·e·s américain·e·s de 13 ans au moment de leur mort.
Thèmes
Différence, intimidation, amitié, rédemption, vie après la mort, mal de vivre, suicide, courage, sciences
Style et construction du récit
Narration au «je» sous forme d’un cahier adressé aux parents du narrateur. Les chapitres, de longueur variable, sont tous indiqués par un élément du tableau périodique, en ordre chronologique. Certains chapitres ne sont que des ellipses temporelles, marquées par une succession de trois éléments du tableau périodique l’un au-dessus de l’autre. Utilisation d’un français qui alterne entre le niveau familier, avec présence de jurons français censurés (ex.: putain, merde, va te faire foutre, rien à foutre, etc.) et le niveau standard.
Pistes de réflexion
Demander aux étudiant·e·s de choisir un élément du tableau périodique et d'effectuer une brève recherche sur ses propriétés, pour ensuite s'en inspirer dans la création d'un court texte. L'étudiant·e peut par exemple créer un personnage ou un lieu qui possède ces propriétés, ou un récit où l'élément choisi joue un rôle important.
Demander aux étudiant·e·s de choisir l’un des nombreux noms de bâtiment dans le récit et de trouver une biographie de la personne ayant été choisie pour la toponymie du bâtiment. Y a-t-il uniquement des personnes qui ont réellement existé ou trouve-t-on des personnages fictifs ou appartenant à la culture populaire ? Y a-t-il un lien entre la personne et le bâtiment auquel elle donne son nom ? (Ex. : Helen Keller : étudiante qui a donné son nom à une école)
Monter un musée à partir d’objets insolites que les étudiant·e·s amènent de la maison. Chaque étudiant·e doit écrire la description de l’objet ou des objets qu’iel fournit au musée. Inviter les autres groupes à visiter l’exposition.
En complément
Lectures
Présentation du roman par l’auteur sur (aparté)
Le monde de Charlie, roman de Stephen Chbosky (adapté au cinéma par l’auteur)
13 raisons, roman de Jay Asher (adapté en série télévisée de 4 saisons sur Netflix)
Wonder, roman de R. J. Palacio (adapté au cinéma par Stephen Chbosky)
Le bizarre incident du chien pendant la nuit, roman de Mark Haddon
Après-vie, nouvelle de Stephen King (incluse dans le recueil Le bazar des mauvais rêves)
Willa, nouvelle de Stephen King (incluse dans le recueil Juste avant le crépuscule)
Dieu, tu es là ? C’est moi, Margaret, roman de Judy Blume
Vers d'autres arts
Lost, série télévisée en 6 saisons de Jeffrey Lieber, J. J. Abrams et Damon Lindelof
Du soleil plein la tête, film de Michel Gondry
Dogma, film de Kevin Smith
Mon fantôme d’amour, film de Jerry Zucker
Extraits
p. 7
«Vous êtes-vous déjà demandé, chère mère et cher père, quel genre de dentifrice utilisent les anges du paradis ? Je vais vous le dire, moi. Nous saupoudrons nos brosses à dents de bicarbonate de soude. Le goût est salé. Pas étonnant, vu que le bicarbonate de soude est une sorte de sel. Vous ne vous êtes jamais posé de questions sur le dentifrice qu’on emploie au paradis, n’est-ce pas ? Après tout, vous êtes agnostiques. Il faut dire que les croyants eux-mêmes s’interrogent rarement sur les détails pratiques de la vie dans l’au-delà. Ils associent le paradis à une sensation d’amour et un sentiment de paix. Ils ne se demandent pas si les ananas qu’ils y consomment seront frais ou en conserve. (On nous sert les deux, mais les fruits en boîte figurent plus souvent au menu.) Le livre que j’écris sur ma vie dans l’au-delà vous présentera ces détails. J’espère un jour trouver le moyen de vous le faire parvenir.»
p. 115
«— Tu crois pas aux portails, hein ?
— Croire aux portails, c’est comme croire à la télékinésie. Tant que tu ne réussiras pas à plier une cuillère grâce à la seule force de ton esprit, je n’y croirai pas.
Pendant que je mets mon pyjama, Johnny dit :
— T’as pas dit ce que tu ferais si tu pouvais retourner là-bas. Tu rendrais visite à tes parents ?
Je passe la serviette dans mes cheveux. Je sens la protubérance à la base de mon crâne, celle que, chère mère, tu appelles ma bosse des mathématiques. Tu affirmes que c’est grâce à elle que j’ai appris mes tables de multiplication à cinq ans. Si je pouvais rentrer, dis-je à Johnny, je vous apporterais, chère mère et cher père, le livre que je suis en train d’écrire sur ma vie dans l’au-delà. Cependant, je ne m’attarderais pas, car ce serait cruel, non ? Vous finiriez peut-être par vous imaginer que je suis de retour pour de bon. Or je serais seulement un fantôme, et non un vrai garçon. Je ne grandirai pas. Je n’irai pas au MIT, comme Père le souhaitait ; je ne travaillerais jamais pour la NASA, comme Mère le voulait.»