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Marie Hélène Poitras

Galumpf - Marie Hélène Poitras

Fiche de lecture

Un amour naît dans le ventre d’une église ou meurt au bout de toutes les nuits. Une petite fille essaie d’apprivoiser un chien immense pendant que ses voisins veillent au grain. Un homme aime une femme par le truchement d’un cheval ; un animateur de radio est confronté au silence ; des insulaires se débattent entre l’ennui et la rage ; une écrivaine se souvient de ses premiers mots. 

Dans la langue incisive et poétique qui a fait sa marque, Marie Hélène Poitras interroge la manière dont humains et animaux se donnent et se reprennent les uns aux autres, et les compromis nécessaires à la vie ensemble. Un recueil au souffle profond qui rôde à l’intersection des blessures, du désir, de l’égoïsme et de la sollicitude, le lieu exact et difficile où prend forme l’acte d’empathie. 

Faits saillants

  1. Recueil de nouvelles dont plusieurs forment une suite.

  2. Réflexions sur les rapports aux autres et sur le langage.

  3. Lieux très bien campés, notamment Montréal au tournant du millénaire.

  4. Personnages de tous les âges, voix distinctives.

  5. Mentions de consommation de drogue et sexualité.

Informations pédagogiques

Époque

Années 1980, 1990, 2000

Lieux

Montréal, Gatineau, campagne québécoise, île du golfe du Saint-Laurent

Thèmes

Empathie, amour, relations interpersonnelles, liens humains-animaux, quête de sens, jeunesse, dépendance, violence, langage, écriture

Style et construction du récit

Recueil de douze textes de 10 à 20 pages chacun. Plusieurs nouvelles sont liées entre elles, présentant les mêmes protagonistes à divers moments de leur vie et de leur parcours. Le dernier texte est un essai explorant les liens entre l’écriture et l’équitation. Style à la fois direct et poétique, phrases percutantes.

Pistes de réflexion

  1. Plusieurs nouvelles du recueil forment une suite. Identifier les nouvelles qui sont liées ou qui mettent en scène les mêmes personnages. Imaginer ce qui a pu arriver aux personnages dans les hiatus entre les nouvelles.

  2. Le travail de Marie-Hélène Poitras met en lumière la particularité et la beauté des liens entre humains et animaux. Créer un récit où l’un des personnages est un animal afin de réfléchir sur ce rapport.

  3. Un des thèmes majeurs du recueil est l’empathie. Analyser la manière dont l’autrice met en scène les efforts et les bris d’empathie chez ses personnages, notamment dans Exercices d’empathie, Les Trente et Lignes de nuit.

En compément

Lectures

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, essai de Haruki Murakami
Le jeu de la musique, roman par nouvelles de Stéfanie Clermont
Le Grand livre des mots de Richard Scarry (super important)
Cavalier seul: Journal équestre de Jérôme Garcin
Les autres œuvres de Marie-Hélène Poitras
Entrevue avec l'autrice dans (aparté)

Vers d'autres arts

Eldorado, film de Charles Binamé
Le plongeur, film de Francis Leclerc adapté du roman de Stéphane Larue
Jappeloup: l’étoffe d’un champion, film de Christian Duguay
L’échec du matériel, album de Daniel Bélanger
Elephant man, film de David Lynch
The Fly, film de David Cronenberg
Les valeurs personnelles, toile de Magritte
L’adoration de l’agneau mystique, polyptyque des frères Van Eyck
L’œuvre de la peintre Ai Natori

Extraits

  1. Fin de règne (page 152)

    «La ville est minée par tout ce que j’ai perdu, abandonné et laissé en elle : une seringue près du métro Beaudry, mes nombreux porte-monnaie égarés dans les bars, ce que j’ai inscrit dans le béton frais d’un trottoir du Plateau-Mont-Royal et gravé sur les troncs d’arbres du parc La Fontaine, mon humilité dans une agence de mannequins de la rue Saint-Laurent, ma sobriété dans les boîtes de nuit de la même rue, ma dent d’en avant dans un stationnement près des Foufs, ma bonne humeur dans Hochelaga, mes neurones dans des raves extasiés.»

  2. La chute (page 108)

    «La scène se répète dans la tête du cavalier en une boucle sans fin. Le vertical franchi, l’oxer à venir. Soudain, l’antérieur fléchit et l’encolure ploie. Dès lors, par réflexe, Christophe se rassoit sur la selle et redresse les épaules pour ne pas passer au-devant de sa monture, qui glisse, piaffe, tangue puis s’incline vers la gauche comme dans le ventre de sa mère. Né la tête à gauche, mort la tête à gauche. Lors de la chute, arrive un moment où le cavalier réalise qu’il ne pourra pas renverser le cours des choses. À lui de se détendre pour tomber le plus mollement possible, hors de la trajectoire de l’animal, mais d’instinct il veut demeurer sur son cheval, le plus longtemps possible. Quitte à tomber de concert avec lui, prolonger la monte jusque dans la déraison, au prix d’une jambe, d’un genou ou d’une cheville. Mais Henselwood, dans un dernier élan d’empathie, accorde quelques secondes à son cavalier pour lui permettre de poser le pied à terre, sans s’écraser sur lui. Christophe est bien obligé d’accepter cet ultime présent.»

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