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Christine Eddie

Un beau désastre - Christine Eddie

Fiche de lecture

Au cœur d’un quartier de bouts de chandelles et de briques fanées, un enfant s’inquiète. De père inconnu et de mère absente, élevé par une tante astrologue chroniquement optimiste, le petit M.-J. observe le vingt et unième siècle et broie du noir. La vie, se répète-t-il, c’est dangereux.

Durant l’été de ses seize ans, alors qu’il n’attend plus rien du monde, la vie le surprend. L’amour, l’art et le soutien d’une communauté bigarrée mettent en échec ses idées les plus sombres. En dépit de la crise des migrants, de l’état de la planète et du cri des pauvres qui ne porte jamais bien loin, l’adolescent apprendra qu’il existe un remède au désastre, une chose au moins aussi difficile à éradiquer que les gaz à effet de serre ou la guerre : l’espoir.

Roman d’apprentissage porté par une voix vive et inspirante, Un beau désastre est une fresque lucide et drôle où la bêtise ne peut venir à bout de la beauté, où le béton n’empêche pas l’herbe de pousser. Un souffle d’espoir et de solidarité dans une époque qui navigue entre désastres et promesses.

Faits saillants

  1. Récit à la croisée de la fresque sociale et du roman d’apprentissage, dégageant des thèmes universels à partir de destins particuliers au sein d’un quartier ouvrier.

    Écriture soutenue par une compréhension sensible et nuancée des luttes de classe et de la précarité.

    Forme chorale épousant diverses perspectives des résidents du quartier.

    Développement psychologique des personnages axé sur la part d’espoir au cœur de leurs parcours difficiles.

    Recension en annexe des productions culturelles mentionnées dans le livre et ayant inspiré la construction de ses personnages.

Informations pédagogiques

Époque·s

21e siècle

Lieu·x

Vieux-Faubourg (quartier ouvrier fictif d’une ville québécoise), Cancún (Mexique), l’est de l’Afrique

Thèmes

Écoanxiété, espoir, pauvreté, astrologie, solidarité, maternité, paternité, immigration, solitude, abandon, crises humanitaires

Style et construction du récit

Le récit est divisé en six parties et ceint par un prologue et un épilogue. La narration à la troisième personne est omnisciente : elle dresse un portrait de chacun des personnages principaux. Jonglant entre plusieurs trames et temporalités, elle relate les défis et petites victoires des membres de quatre familles interreliées. Le style est fluide et réflexif, il relève à la fois la complexité et la poésie du quotidien rude des quartiers ouvriers.

Pistes de réflexion

  1. La directrice de l’école de M.-J. lui donne carte blanche pour peindre une murale sur l’immense mur de brique de la cour de récréation. Demander aux élèves d’imaginer la murale qu’ils auraient faite en prenant appui, comme M.-J., sur un sujet qui leur tient à cœur.

  2. À quoi se raccrochent les personnages pour garder espoir malgré les crises écologiques et humanitaires ? Inviter les élèves à partager les marques d’espoir qu’ils trouvent au quotidien.

  3. Présenter l’histoire et l’importance des fresques sociales dans la littérature québécoise (en passant, par exemple, par les œuvres de Gabrielle Roy et de Michel Tremblay).

En complément

Lectures

Je voudrais qu’on m’efface, roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette
Trash anxieuse, roman jeunesse de Sarah Lalonde
Bonheur d’occasion, roman de Gabrielle Roy
La Vie devant soi, roman de Romain Gary

Vers d’autres arts

Écrivain public, websérie de Michel Duchesne
Coteau rouge, film d’André Forcier
Le chantier des possibles, documentaire d’Ève Lamont
À St-Henri, le 26 août, documentaire de Shannon Walsh

Extraits

  1. Page 32

    Le sens commun dicta à Célia de garder ses distances avec le neveu mis en consigne chez elle. Le jour où Betty le lui reprendrait, il était hors de question qu’elle lui arrache du même coup la prunelle de ses yeux. Aussi essaya-t-elle de ne pas se laisser charmer par les mimiques de bébé qui, habituellement, dérident le plus endurci des adultes. Elle refréna l’envie de trop sentir ses cheveux, de trop lui caresser la joue ou de trop lui chanter des berceuses. Par contre, elle s’assura qu’il ne manquât de rien, un toit, trois repas par jour, une couverture supplémentaire l’hiver, des bottillons à sa taille, une légende maternelle à chérir.

  2. Page 60

    À l’extérieur, même de loin, on entendait cinq futurs Canadiens croire bruyamment à leur chance tandis qu’Izuba et les filles entonnaient à répétition l’Ô Canada. Une soirée magnifique, légèrement assombrie par l’insistance de M.-J. à demander pourquoi les Ben Saïd n’avaient pas, eux aussi, obtenu une réponse sympathique du gouvernement.

  3. Page 77

    Ce don pour le dessin fut le principal espoir qui permit à la tante de continuer à envisager les infinies possibilités qu’offrirait la vie à son neveu. Professeur de dessin ? supposa-t-elle en se demandant combien pouvait gagner un professeur de dessin. Reste que sous les doigts de M.-J., dans la mine de son crayon, on aurait dit qu’aucune lumière ne parviendrait jamais à émerger du papier. On aurait dit que le monde entier était un désastre et que chaque être humain vivait en permanence près de la salle des chaudières du Titanic.

  4. Page 82

    Pas une ligne sur le Vieux-Faubourg, même dans les journaux locaux. Pourtant, une famille de six venait d’être renvoyée en Côte d’Ivoire après avoir attendu son statut de réfugié pendant des années. La clinique médicale fermait ses portes. Les coquerelles nichaient maintenant dans les tuyaux de canalisation et un comité de citoyens s’était formé pour réclamer des logements salubres. Pas une allusion, pas un mot. Le cri des pauvres ne portait jamais bien loin.

  5. Page 175

    — Tu crois qu’ils vont remarquer ?
    — Remarquer quoi ?
    — Que la beauté disparaît si on n’y fait pas attention.

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