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Éric Chacour

Ce que je sais de toi - Éric Chacour

Fiche de lecture

Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n’a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d’autre choix que l’exil. 

De la communauté levantine d’Égypte aux hivers montréalais, du règne de Nasser jusqu’à l’aube des années 2000, Tarek fuit, erre, et se souvient. Mais sait-il qu’à plusieurs milliers de kilomètres, quelqu’un raccommode les lambeaux de son histoire et tente de remonter, chapitre après chapitre, le cours de sa vie ? 

Récit d’une absence et d’une réconciliation, Ce que je sais de toi brosse avec délicatesse, humour et sensibilité le portrait d’un clan déchiré et d’une société en pleine transformation. Ce premier roman d’Éric Chacour révèle un auteur à la langue ciselée, à l’esprit lumineux, habité par une compréhension profonde de la nature humaine. Un livre qui embaume l’ail, l’anis et les secrets de famille. 

Faits saillants

  1. Roman écrit à la première et à la deuxième personne.

  2. Portrait du Caire de la seconde moitié du 20e siècle et de la communauté levantine d’Égypte.

  3. Relations humaines et familiales au cœur du roman.

  4. Exploration du thème de l’amour homosexuel dans une société qui l’interdit.

Informations pédagogiques

Époque·s

Années 1960 au début des années 2000

Lieu·x

Le Caire
Montréal

Thèmes

Amour, filiation, homosexualité, secrets de famille, émigration, sens du devoir, liberté, intolérance, classes sociales

Style et construction du récit

Roman en trois parties (Toi, Moi, Nous) de plus en plus courtes. Écrit à la deuxième personne du singulier par un narrateur dont on ne découvre l’identité qu’à la moitié du récit. Entrecoupé de brefs passages à la troisième personne offrant un autre point de vue sur le personnage principal. Style classique et fluide, d’une grande élégance, syntaxe sophistiquée, lexique sensible fortement axé sur les éléments olfactifs.

Pistes de réflexion

  1. Explorer l’histoire de la communauté levantine/chrétienne d’Égypte, dont une grande partie de la diaspora vit à Montréal.

  2. L’auteur a décrit son livre comme un «roman olfactif». Proposer un exercice d’écriture où l’élève doit effectuer une description ou camper une ambiance en se basant sur un des cinq sens.

  3. Proposer une réflexion comparative entre les personnages d’Ali et de Tarek autour de la notion de l’autonomie et du libre arbitre. Entre Tarek, qui vit sans contrainte matérielle mais se soumet aux attentes de son milieu et cache son homosexualité, et Ali, qui a peu de moyens financiers mais qui est seul maître de ses choix, lequel vit plus librement?

En complément

Lectures

Les muses orphelines, pièce de théâtre de Michel-Marc Bouchard
Mille secrets, mille dangers, roman d’Alain Farah
Celui qui est digne d’être aimé, roman d’Abdellah Taïa
La promesse de l’aube, roman de Romain Gary
L’immeuble Yacoubian, roman de Alaa Al-Aswan
Ce que je sais d'eux, texte inédit par Éric Chacour sur les origines du roman, publié dans (aparté)

Vers d'autres arts

Tout sur ma mère, film de Pedro Almodovar
Moonlight, film de Barry Jenkins
L’œuvre du photographe SMITH

Extraits

  1. Page 14

    «La vie commencerait plus tard. Pour l’heure, ce n’était pas la vie. C’était une attente, un répit peut-être, l’enfance, une lente préparation. À quoi te préparais-tu? ou, plus précisément, à quoi te préparait-on? Tu appréciais davantage la compagnie des adultes que celle des enfants de ton âge. Tu étais ébloui par ceux qui n’hésitent jamais. Ceux qui, avec le même aplomb, peuvent critiquer un président, une loi ou une équipe de football. Ceux dont chaque geste semble affirmer qu’ils détiennent une vérité pleine et entière. Ceux qui régleraient en un claquement de doigts les questions de la Palestine, des Frères musulmans, du barrage d’Assouan ou des nationalisations. Tu finissais par croire que c’était cela, l’âge adulte : la disparition de toute forme de doute.»

  2. Page 101

    «De l’ail. Des gousses d’ail, finement hachées. De ses mains fraîchement manucurées, la répétition d’un geste sec et nerveux pour en venir à bout. De l’ail et de l’oignon. Ce n’était pas tant pour le goût que pour l’odeur. De l’ail et de l’oignon sur un feu doux. Elle avait mis un tablier pour ne pas tacher le chemisier blanc que tu lui avais offert. Un feu lent, un feu patient. Il fallait que ça se sente, que ça emplisse l’air de chaque étage de la villa. Elle remarqua une éraflure sur un de ses ongles et cela la contraria. De l’ail et de l’oignon coupés en morceaux, jetés aux flammes, se vidant de leur eau jusqu’à n’être plus qu’une version réduite d’eux-mêmes. Flétrie, asséchée.»

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