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David Mitchell

Cette maison - David Mitchell

Fiche de lecture

Prenez la route après le pub, suivez la ruelle aux murs de briques. Si les conditions sont réunies, vous devriez trouver Slade House. Une inconnue vous y accueillera, et vous invitera à entrer. Au début, vous n’aurez pas envie d’en partir.

Ensuite, vous vous rendrez compte que partir est impossible…

Tous les neuf ans, les habitants de cette maison, un frère et une soeur, proposent à quelqu’un de les rejoindre – quelqu’un de différent, de solitaire : un enfant précoce, un policier fraîchement divorcé, un étudiant timide. Mais que se passe-t-il vraiment à l’intérieur de la demeure ? Pour ceux qui le découvrent, il est déjà trop tard…

Une histoire de maison hantée nouveau genre où pastiche, humour et terreur se mélangent, imaginée par l’audacieux David Mitchell (Les mille automnes de Jacob de Zoet et Cartographie des nuages).

La couverture est une création de Charles-Étienne Brochu.

Traduit par Manuel Berri

Titre original: Slade House

Faits saillants

  1. Une histoire de hantise originale et captivante.

  2. Plusieurs narrations qui s’entrecroisent pour former une seule histoire.

  3. La construction du récit nous tient captifs jusqu’à la dernière ligne

  4. Un roman impossible à lâcher avant la fin.

Informations pédagogiques

Époque·s

Fin du 20e siècle et début du 21e siècle, à coup de sauts dans le temps de 9 ans à chaque fois.

Lieu·x

Angleterre

Thèmes

hantise, jumeaux, sciences occultes, recherche de la vie éternelle, différence, vie après la mort.

Style et construction du récit

Différentes narrations au « je » qui changent à chaque saut dans le temps. Le roman est divisé en plusieurs parties dont chacune est identifiée par un sous-titre et l’année où se déroule l’intrigue spécifique à cette période.

Pistes de réflexion

  1. Proposez aux étudiants de faire une recherche sur les pouvoirs qu’on attribuait, à une certaine époque, à certaines personnes en raison de caractéristiques physiques (roux, gauchers, enfants nés « coiffés », etc.) ou d’autres attributs (jumeaux, sages-femmes, etc.) Quelle explication donnait-on à ces pouvoirs ? Ces personnes étaient-elles considérées comme bénéfiques ou maléfiques ? Pourquoi ?

  2. Amorcer une discussion en groupe autour de la vie éternelle. Quels seraient les avantages de ne plus mourir ? Y aurait-il des inconvénients ? Lesquels ? Qui, dans le groupe, voudrait obtenir la vie éternelle et pourquoi ?

  3. Suggérer à chaque participant d’écrire l’oraison qui serait la plus susceptible de les piéger. En bonus, inviter les étudiants à chercher des images de maison sur internet pour trouver celle qui leur ressemble le plus.

En complément

Lectures

Entretien avec l’auteur : https://editionsalto.com/aparte/virtuose-de-fiction/

L’âme des horloges, roman de David Mitchell

Ghost story, roman de Peter Straub

Wild Fell, roman de Michael Rowe

Maison hantée, roman de Shirley Jackson

Le Tour d’écrou, roman de Henry James

Shining, de Stephen King (adapté au cinéma par Stanley Kubrick)

La maison des damnés, roman de Richard Matheson

Vers d’autres arts

Le sixième sens, film de M. Night Shyamalan

Ghost Whisperer, série télévisée de John Gray

The Haunting, série télévisée de Mike Flanagan

13 fantômes, film de Steve Beck

Extraits

  1. Pages 31-32

    Je me suis arrêté à cause du fond du jardin, du mur et de la petite porte noire : on les voit à peine et il y fait tout sombre. Ce n’est pas à cause du soir qui tombe : il ne doit pas encore être quatre heures. Et ce n’est pas à cause du brouillard non plus. Je lève les yeux : le ciel est toujours à peu près bleu, comme tout à l’heure. Non : c’est le jardin. Il est en train de disparaître. Je me retourne pour dire pouce à Jonah, que quelque chose ne va pas, qu’il faut aller chercher un adulte. Il va débouler du coin de la maison d’un instant à l’autre. Les ronces ondulent comme des tentacules sous l’eau. Je jette de nouveau un coup d’œil rapide au jardin. Il y avait un cadran solaire, mais il a disparu, de même que le prunier. Je suis en train de devenir aveugle ? Je voudrais que Papa soit là pour me dire que tout va bien, mais il est en Rhodésie, alors c’est Maman que je veux. Où est Jonah ? Et s’il s’était fait dissoudre avec le reste du jardin lui aussi ? Maintenant, c’est l’espèce de tunnel-grillage qui s’efface. Qu’est-ce qu’on est censé faire quand on est chez des gens et que leur jardin disparaît petit à petit ? Le vide se rapproche comme un front orageux.

  2. Page 169

    Le vieil homme prend une grande inspiration : « Bien. La première chose à dire, c’est que quand on a été interné en psychiatrie, personne ne vous accorde plus le bénéfice du doute. Plus facile de régler un problème de solvabilité qu’un problème de crédibilité. » Fred Pink choisit ses mots avec soi, comme s’ils allaient rester gravés dans le marbre. « Mais que vous me croyiez ou non, mademoiselle Timms, je suis coupable. Coupable, oui. C’est moi qui ai parlé à Alan, mon neveu, de Slade Alley, de Gordon Emonds, de Nathan et Rita Bishop, et du cycle de neuf ans. C’est moi qui ai piqué sa curiosité au vif. »

  3. Page 219

    Au-dessus de la bougie, une masse gélatineuse apparaît. On dirait une tête difforme dépourvue de visage. Rougeoyante, elle s’illumine, s’assombrit, s’illumine, s’assombrit, et des racines filiformes jaillissent de ses flancs ainsi que de son bas-ventre, l’arrimant ainsi à la pénombre. D’autres racines plus longues serpentent jusqu’à moi. Je tente de détourner la tête ou de fermer les yeux, mais je ne peux pas. Si j’en avais les moyens, je pousserais un puissant et violent cri, comme dans les films d’horreur, mais je ne peux pas non plus. Ces racines me rentrent dans la bouche, le nez et les oreilles ; puis la douleur plante son fer de lance là où mon œil se trouverait si j’étais un cyclope. Par ce même point, on m’extirpe, je ne sais trop quoi. À quelques centimètres de mes yeux, la substance se matérialise : c’est une balle translucide qui scintille, plus petite qu’une boule de billard, mais comme emplie d’une brume composée d’une infinité d’étoiles. C’est mon véritable moi. C’est mon âme. Les Grayer se penchent. Leurs lèvres s’ourlent, et aspirent avec vigueur. Mon âme se déforme comme une bulle épaisse qu’on étirerait. Elle est à moi, c’est moi, mais non, c’est fichu, fichu, fich…

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