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Karoline Georges

De synthèse - Karoline Georges

Fiche de lecture

L’une s’immobilise devant les fenêtres de sa maison en banlieue avec le poids de la mort au creux du ventre; l’autre cherche à traverser l’écran pour se transformer en image grâce à son avatar numérique, en quête d’absolu.

L’une a donné naissance à l’autre, qui tente maintenant de renaître à travers un corps virtuel, loin de la morosité du nid familial.

Récit d’une lumineuse lucidité propre à ouvrir les consciences et à faire vibrer les âmes, De synthèse met en lumière l’aboutissement d’une relation filiale du point de vue d’une femme-image renouant avec sa famille au moment où sa mère entre en phase terminale, au terme d’une longue période de dégénérescence. C’est une histoire de corps, de disparition, de reflets, de composition et de décomposition. C’est l’histoire d’une image à parfaire, par-delà le désastre de la chair.

Informations pédagogiques

Époque.s

Futur proche

Lieu.x

Montréal et sa banlieue, Paris

Thème.s

Image, perception de soi, réalité virtuelle, relations familiales, violence, réclusion, deuil, réconciliation, art multimédia, corps virtuel, transhumanisme

Style et construction du récit

Style épuré et évocateur; voix méditative et introspective; narration effectuant des allers-retours dans le temps du récit

Pistes de réflexion

  1. De synthèse propose une lecture subtilement futuriste d’un événement universel: la mort d’un parent. On ne se sent pas dans la science-fiction; il s’agit plutôt de comprendre comment la technologie peut encadrer les questionnements et les grands moments de l’existence. Proposer un exercice d’écriture où les étudiants doivent imaginer un événement marquant (naissance, maladie, rupture) dans un contexte technologique futuriste.

  2. La narratrice de De synthèse développe une obsession pour certaines stars (Olivia Newton-John, entre autres). Réfléchir sur le culte des vedettes; proposer un exercice d’écriture où se décline une adoration envers une personnalité.

  3. Une grande partie de l’œuvre de Karoline Georges repose sur l’idée du sublime. Expliquer aux étudiants ce concept esthétique et leur demander de trouver des exemples de ses différentes itérations en philosophie, en arts visuels, en architecture et en littérature.

En complément

LECTURES

Les œuvres de Nelly Arcan
La pièce de théâtre Post humains, de Dominique Leclerc
Frankissstein, de Jeanette Winterson

VERS D'AUTRES ARTS

Her, film de Spike Jones
Les autoportraits de Frida Kahlo, de Vivian Maier ou d’autres femmes artistes
Les capsules de Karoline Georges, notamment Anouk Reads
Second Life, une plateforme de création virtuelle qui a inspiré l'autrice

Extraits

  1. p.24

    Enfant, je ne voulais pas accepter la distinction entre le vrai et le simulacre. Ce qui se passait à l’écran ou entre les lignes d’un roman avait plus de valeur pour moi que la réalité. Ce que j’éprouvais en lisant et en regardant la télévision – la fascination, le plaisir, la curiosité, la stupéfaction – s’avérait d’une intensité incontestable. Mais j’ai compris très tôt – trop tôt, peut-être – que j’étais du mauvais côté de l’écran.

  2. p.88

    Je fais disparaître tous les projecteurs et la lumière ambiante, je déplace la seule source de lumière au-dessus de son dos, je réduis l’intensité, je filtre en bleu. J’assombris la teinte, jusqu’à générer une obscurité nocturne presque totale. J’observe. C’est trop propre. J’ajoute un ensemble d’ecchymoses et de plaies sur le corps d’Anouk, des taches de boue sous ses pieds, j’augmente le degré de brillance de sa peau pour faire ressortir les détails du sang dans la pénombre. J’enfonce sa tête dans le nœud de ses bras. Et j’y suis. La composition fonctionne. Le titre me vient immédiatement : Will We Ever Be Immortals?

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