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Larry Tremblay

La hache - Larry Tremblay

Fiche de lecture

Après avoir mis le feu à son appartement, un professeur de littérature ivre et tourmenté débarque chez l’un de ses étudiants au beau milieu de la nuit. Obsédé par la souillure et la pureté, il lui parle de génocide, du massacre des vaches folles et de celui de la pensée. Dans ce récit en forme de monologue, le silence pesant de l’étudiant en dit autant, sinon davantage que le flot de paroles du professeur.

À travers La hache, Larry Tremblay s’interroge, dans une langue forte et évocatrice, sur la disparition de la pensée critique devant l'omniprésence de la bêtise médiatisée. Un texte comme une gifle au visage des endormis, une réflexion nécessaire sur le pouvoir des mots.

La hache est suivi de Résister à la littéréalité, écrit à la même époque et qui en reprend certains thèmes.

Faits saillants

  1. La narration du premier texte est à la première personne et s’adresse à un individu autre : un étudiant. Il s’agit d’un monologue, c’est-à-dire que le flux de parole du personnage principal n’est jamais interrompu.

  2. Le professeur tient une parole délirante et obsédante. Elle saute d’un sujet à l’autre et tient des réflexions sombres et catastrophistes.

  3. Résister à la littéréalité, ajouté en appendice, prend la forme d’une lettre, adressée à un metteur en scène, qui parle de l’état de la littérature à l’époque contemporaine.

  4. Trois extraits de poème écrits par le professeur sont insérés dans La hache.

Informations pédagogiques

Époque·s

Contemporaine

Lieu·x

Une ville sans nom

Thèmes

Littérature, médias de masse, génocide, violence, écriture, souillure, pureté, mort.

Style et construction du récit

Le récit se déroule au cours d’une seule nuit. Le professeur entraîne le lecteur ou la lectrice dans son délire à propos de la violence du monde et de son obsession pour son élève. Le ton du monologue est cynique et critique de la société contemporaine.

Pistes de réflexion

  1. Le titre, « La hache », renvoie à un élément précis du livre : la copie du travail de l’élève. Demandez aux élèves d’identifier ce passage et d’expliquer, en citant l’œuvre, la signification du titre.

  2. La seconde partie du livre, Résister à la littéréalité, prend la forme d’une lettre que l’auteur adresse à un collègue. Proposez à la classe de rédiger, sous forme de lettre, une réflexion sur un enjeu contemporain de leur choix à un·e collègue de classe.

  3. La hache est un monologue qui a, par ailleurs, été mis en scène par l’auteur au théâtre Quat’Sous. Invitez les élèves à écrire un monologue d’une page, à le mettre en scène et à le présenter à la classe.

En complément

Lectures

Les autres romans et pièces de théâtre de Larry Tremblay, plus particulièrement L’orangeraie

Lettres à un jeune poète, un livre de Rainer Maria Rilke

Chaîne de montage, une pièce de théâtre de Suzanne Lebeau

Lettre au père, un livre de Frantz Kafka

La minotaure, un roman de Maël Maréchale (publié sous le nom Mariève Maréchale)

Vers d'autres arts

Le cercle des poètes disparus (1989), un film de Peter Weir

Les œuvres visuelles de Nalini Malani

12 hommes en colère (1957), un film de Sidney Lumet

Les toiles de Giacometti

Extraits

  1. Page 25

    Et quand je t’ai dit que le feu brûlait dans les cheveux de mes enfants, je parlais de ces enfants froissables et jetables, ces quatre-vingt-dix-sept pages si rapidement envolées en fumée. Si je t’ai fait croire que j’avais jeté dans les flammes des enfants, c’est pour que tu ressentes ne serait-ce que le dixième de ce que j’ai ressenti quand j’ai allumé la première page. Tu m’as cru, dis-le-moi, tu m’as cru un peu quand je t’ai dit que j’avais jeté mes enfants vivants dans le feu ? J’avais l’air d’un homme qui a mis au monde des enfants, non ? Je veux dire, c’est tout à fait possible que, quand on me regarde, on pense que.. que… tu vois… que j’ai pu avoir un enfant… ou plusieurs… j’ai l’air normal, non ? Pas trop repoussant… Un petit peu quand même, non ? Tout ce que je te dis a le goût amer de la vérité. Tu vois que je souffre. On ne joue pas avec la souffrance.

  2. Page 33

    Tu es si poreux, si friable et pourtant je détecte une odeur d’acier qui s’échappe de ta peau. Est-ce que ta jeunesse cache une plus grande accumulation de haine ou d’amour ? Comment savoir, hein ? Tu clignotes sans arrêt. Si je posais mes lèvres sur les tiennes, le tranchant de ton sourire me couperait peut-être jusqu’au sang.

  3. Pages 64-65

    Je crois en la littérature, mais je me déclare contaminé. La preuve ? J’ai été bouleversé par la mort d’un chien, mais le génocide au Rwanda m’a laissé inerte, pantelant, hésitant, perplexe, gris, tendu, avec dans la bouche un goût acide.

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