Amour aux temps d'après oeuvre Dee Barsy
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Joshua Whitehead

L'amour aux  temps d'après - dir. Joshua Whitehead

Fiche de lecture

Une IA dans un corps de rat se rebelle. Une adolescente est maintenue captive à bord d’une île flottante pour millionnaires survivalistes. La mémoire d’un peuple s’écrit spontanément sur la peau de ses îhkwewak. Un camp de résistance autochtone accueille celleux qui refusent de participer à la colonisation interplanétaire. Une jeune fille bispirituelle rédige un manuel de survie à l’intention de ses semblables. À travers de bouillonnants récits d’anticipation, une chose a toujours le dessus : l’amour, sous toutes ses formes.
Sous la direction de Joshua Whitehead, étoile montante de la littérature indigiqueer, L’amour aux temps d’après est un projet collectif unique en son genre, au confluent de la science-fiction, de la culture queer et de la tradition autochtone. Neuf auteur·es des Premières Nations y imaginent des personnages LGBTQ2S+ dans un monde post-apocalyptique, mais sous l’angle de l’utopie, de l’espoir et de la solidarité.
Avec force, audace, une grande empathie et une imagination grisante, ces écrivain·es dansent entre futurisme et tradition, entre colère et rédemption pour former cette ode composite à la ténacité de la vie, à la beauté du monde et à la résilience de celleux qui l’habitent.

Sous la direction de Joshua Whitehead, avec les textes de Nathan Adler, Darcie Little Badger, Gabriel Castilloux Calderon, Adam Garnet Jones, Mari Kurisato, Kai Minosh Pyle, David Alexander Robertson, jaye simpson et Nazbah Tom.

Traduit par Sophie Voillot

Titre original: Love after the end

Faits saillants

  1. Nouvelles écrites par neuf auteurices autochtones bispirituel·le·s, queers, trans et non-binaires.

  2. Imaginaires science-fictifs et spéculatifs, avec un accent sur l’espoir.

  3. Introduction signée par Joshua Whitehead posant des repères historiques et thématiques.

  4. Écriture inclusive (« celleux  », « toutt », « læ  » ).

  5. Intégration de langues et dialectes ojibwé, cri, navajo, anichinabémowin, lakota, mi'gmaq (lexique disponible).

  6. Avertissements : cannibalisme, camps de travail forcé, violence graphique et coloniale.

Informations pédagogiques

Époque·s

Futurs postapocalyptiques

Lieu·x

Terre et autres planètes, mondes virtuels, vaisseau spatial, cité flottante.

Thèmes

Amour, espoir, résilience, filiation, mémoire, relations interspécifiques, altersexualité, (bio)technologies, intelligence artificielle, ségrégation, catastrophes climatiques, survie, humanité.

Style et construction du récit

Courts récits d'anticipation autonomes (20-30 pages) proposant une perspective décoloniale vis-à-vis les codes et les objets de la science-fiction (exploration spatiale, intelligence artificielle, etc.). Diversité de tons (humoristique, poétique, horrifique), parfois au sein d'une même nouvelle. Maillage entre futurisme et savoir ancestral. Histoires empreintes d'amour, de résilience et d'optimisme estompant l'imaginaire extractiviste et l'écoanxiété ambiante.

Pistes de réflexion

  1. Sensibilisation : Écouter l'épisode «  La bispiritualité » du balado Kwahiatonhk! – Littératures autochtones et noter comment il peut informer sur les réalités identitaires dépeintes dans L'amour aux temps d'après.

  2. Théorie littéraire : Présenter les caractéristiques des genres utopiques et dystopiques. Discuter en classe des manières dont le futurisme autochtone travaille à leur reprise et à leur détournement.

  3. Réflexion : Les nouvelles du recueil mettent à l’avant-plan des relations familiales, amicales, amoureuses et interspécifiques. En quoi cette attention donnée aux liens interpersonnels et à la communauté fait acte de résistance face aux systèmes d’oppression (colonialisme, patriarcat, spécisme, hétéronormativité, âgisme, etc.) ? Les élèves peuvent s’appuyer sur des exemples précis tirés des nouvelles.

  4. Courte dissertation : Demander aux élèves de compléter la citation de Whitehead :  « nous avons déjà survécu à l'apocalypse ; ce présent-ci, ici, maintenant, est marqué du sceau de la dystopie ». (p. 11) Les réponses devraient s'articuler autour des conséquences de la colonisation et de la persistance des discriminations sur les peuples autochtones, particulièrement en contexte de crise climatique.

En complément

Lectures

Wapke, collectif (nouvelles) sous la direction de Michel Jean

Love Beyond Body, Space and Time: an Indigenous LGBT Sci-fi Anthology, collectif (nouvelles) sous la direction de Hope Nicholson

Cette blessure est un territoire, poésie de Billy-Ray Belcourt

full-metal indigiqueer, poésie de Joshua Whitehead

Cartographie de l'amour décolonial et On se perd toujours par accident, récits de Leanne Betasamosake Simpson

Vers d'autres arts

Night Raiders (Les voleurs de la nuit), film de Danis Goulet

AlterIndiens, pièce de théâtre de Drew Hayden Taylor, mise en scène par Xavier Huard.

Les tableaux de Kent Monkman

Les oeuvres et artistes de l'exposition Indigenous Futurisms: Transcending Past/Present/Future

L’œuvre de la peintre Dee Barsy.

Extraits

  1. Page 45

    Les Gouvernements-Unis du Nouveau Monde ont été secoués hier par une communication audio émanant d'une espèce sous-marine qui rappelle de façon saisissante le lamantin terrestre, aujourd'hui disparu. Les pionniers du Nouveau Monde se sont mis à les appeler Sirènes. Nos Gouvernements-Unis, qui n'ont pas encore révélé le contenu du message, nous assurent toutefois qu'il se compose d'une seule phrase non menaçante répétée en boucle.

  2. Page 67

    Dakib m'envoie des hormones depuis que l'une des verseuses de sueur a déclaré que je faisais iwkekaazo, semblant d'être une femme. Les pilules coûtent cher et, depuis l'entrée en vigueur du rationnement, la chirurgie est hors de question. On reçoit encore moins d’eau en ce moment, mais on a l’habitude, depuis deux cents ans que l’eau du robinet est impropre à la consommation chez nous.

  3. Page 86

    Voici ma première instruction : quand l'apocalypse arrivera, n'oublie surtout pas d'emmener ta kookum. La mienne, elle s'appelle Alicia. Si elle ne porte pas un nom anichinabé, c'est parce qu'à l'époque de sa naissance, ils commençaient à peine à faire leur retour. Ça va te prendre ta kookum quand l'apocalypse commencera parce qu'elles savent tout, les kookums.

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