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Heather O'Neill

Mademoiselle Samedi soir - Heather O'Neill

Fiche de lecture

Les jumeaux Nouschka et Nicolas Tremblay vivent avec leur grand-père dans un minuscule appartement du boulevard Saint-Laurent. Seule descendance du légendaire Étienne Tremblay, célèbre pour ses truculentes chansons sur la classe ouvrière et sa réputation de bon vivant, frère et soeur sont désespérément immoraux et d’un charme irrésistible. Élevés sous les projecteurs, les inséparables n’ont jamais pu se résoudre à céder à l’ordinaire.

À la veille de leur vingtième anniversaire, leurs pulsions autodestructrices finissent par les rattraper quand Nouschka accepte le rôle de reine de beauté au défilé de la Saint-Jean-Baptiste. L’attention des médias se braque de nouveau sur eux pour exposer leurs failles. Bien que Nouschka tente de s’émanciper et de s’éloigner de sa famille, elle demeure une Tremblay et, lorsque le malheur frappe, c’est vers les siens qu’elle revient.

Avec sa baguette magique, Heather O’Neill, marraine des esseulés et des amoureux transis, enchante le récit de cette famille éclatée qui se déchire pour mieux se recoller, et qui s’aime fort sous le ciel de Montréal.

Traduit par Dominique Fortier

Titre original: The Girl Who Was Saturday Night

Faits saillants

  1. De multiples références à de véritables événements historiques (comme le référendum) et à de vraies œuvres populaires ancrent le roman dans une forme de réalisme.

  2. Mademoiselle Samedi soir relate les tensions entre anglophones et francophones du Québec des années 1990. Pour bien rendre compte des discussions autour des usages de la langue, la narration originale inclut, en italiques, des phrases ou expressions en français. La traduction française préserve ces italiques.

  3. Le roman se déroule dans un milieu ouvrier et met en scène des personnages moins bien nantis. Il y est notamment question de pauvreté culturelle, de sous-scolarisation et de criminalisation. La narratrice tente, tant bien que mal, de paver son chemin dans les aléas de cette vie remplie de rebondissements.

  4. Avertissements : sexualité, libertinage, consommation de drogue et mention de prostitution dans le roman.

Informations pédagogiques

Époque·s

Les années 1990.

Lieu·x

Le Québec, surtout Montréal.

Thèmes

Famille, pauvreté, culture populaire, référendum, sexualité, féminisme, célébrité, criminalisation.

Style et construction du récit

Les événements sont racontés de manière chronologique, dans une langue colorée et facile d’approche. Les chapitres sont courts et portent des titres imagés.

Pistes de réflexion

  1. L’univers d’O’Neill est peuplé de personnages farfelus que la narratrice rencontre et côtoie dans les divers lieux qu’elle traverse. Proposez aux élèves d’inventer un personnage original qui pourrait, selon eux, exister dans le roman. Quel est son nom ? D’où vient-il ? Quelle est son histoire ? Quels sont ses objectifs de vie ? Qu’aime-t-il ? Que déteste-t-il ?

  2. La narratrice de Mademoiselle Samedi soir fait mention de plusieurs œuvres littéraires. Demandez à votre classe de relever cinq de ces titres et de compléter une courte recherche sur ceux-ci. Invitez-les à expliquer, en quelques lignes, quelles sont ces œuvres et ce qu’elles nous disent de la narratrice qui les lit.

  3. Demandez aux élèves d’écrire une dissertation dans laquelle ils expliqueront ce que signifie, d’après leur lecture, le titre.

En complément

Lectures

Les romans d’Heather O’Neill

Le misanthrope, une pièce de théâtre de Molière

Crime et châtiment, un roman de Fiodor Dostoïevski

Les pièces de théâtre de Michel Tremblay

Le matou, un roman d’Yves Bauchemin

Le conte de deux cités, un roman de Charles Dickens Gigi, une nouvelle de Colette

Vers d'autres arts

Les épisodes de La petite vie, une sérié télé de Claude Meunier

Atrocétomique, un album musical du groupe Les Colocs

La musique de Petula Clark

Le matou, un film de Jean Baudin

La musique de Gilles Vigneault

Extraits

  1. Page 35

    Oh, à l’époque tout le monde baisait, à Montréal, pas juste moi. C’était la faute au froid. Avec le rose aux joues, les gens paraissaient beaucoup plus attirants qu’ils l’étaient en réalité. On confondait intérieur et intimité, chauffage électrique et complicité. On avait l’impression que chaque soir était le dernier, parce qu’on serait tous morts de froid avant longtemps. Chaque soir était une triste fête d’adieu, un parti de départ à la retraite, les dernières heures d’une noce. On était tout le temps en train de se dire adieu*. La frontière qui séparait le fait de se coucher ensemble du fait de ne pas se coucher ensemble était beaucoup plus mince qu’à n’importe quelle époque, en n’importe quel lieu de l’Histoire.

  2. Page 273

    L’amour, c’est comme une petite chambre où un enfant nous amène pour nous montrer ses trésors. D’abord, il nous montre les jouets neufs, qui sont colorés et brillants et du dernier cri. Mais ensuite, il nous montre les trucs qui se sont retrouvés au fond du coffre. Il y a des poupées avec des yeux qui branlent, des cheveux qui se détachent de leur crâne et de la saleté derrière les oreilles. Elles ont eu les bouts de doigts arrachés par des chiens et on leur a dessiné dessus avec un stylo. Il y a tellement longtemps qu’on les a serrées ou qu’on leur a dit qu’elles étaient mignonnes. Elles gisent au fond du coffre à jouets, cachées, honteuses. Ou bien on est dégouté par elles, ou bien on est tellement rempli d’amour pour elles que ça manque de nous briser le cœur.

  3. Page 393

    Il était presque minuit, et je savais qu’Étienne se trouverait probablement chez Madame Lucie, un casse-croûte ouvert vingt-quatre heures. Hugo m’avait dit qu’Étienne avait mangé dans ce casse-croûte toute la semaine. Ils avaient installé une énorme pancarte Oui* à la fenêtre. Étienne trouvait que c’était courageux, et qu’il devait appuyer l’établissement. Hugo l’avait filmé de l’extérieur, avec l’affiche Oui* dans le cadre. Il m’avait montré les images et m’avait demandé si je trouvais que ça ressemblait à la célèbre peinture Nighthawks. J’avais simplement haussé les épaules. Je n’aimais pas me faire demander si mon père était une œuvre d’art.

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