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Marie Hélène Poitras

Soudain le Minotaure - Marie Hélène Poitras

Fiche de lecture

Au tournant du millénaire, Ariane parcourt l’Allemagne, découvrant les traces de la barbarie des guerres. Elle cherche aussi à surmonter les séquelles d’une autre incarnation de la violence, une agression brutale à laquelle elle a survécu de justesse.
Au même moment, dans un pénitencier de l’Ontario, son assaillant macère dans la haine et la rage qui ont fait de lui un prédateur, naviguant entre pulsions et punition, entre ses fantasmes et ses mauvais souvenirs.
Au son de Portishead et de PJHarvey, dans les rues d’un Montréal cru et vivant, ce roman-culte donne la parole aux deux acteurs d’une rencontre fracassante. Loin de toute ambition moralisatrice, Soudain le Minotaure se lit comme une exploration frontale de la violence faite aux femmes. Une lecture qui se révèle, vingt ans plus tard, plus pertinente que jamais, plus déroutante qu’une avancée dans le labyrinthe d’un monstre.

Édition vingtième anniversaire revue et suivie d’une postface de l’autrice

Faits saillants

  1. Roman en diptyque, où l’exacte moitié du roman est consacrée à la guérison de la survivante d’une agression et l’autre, au châtiment de l’agresseur.

  2. Posture amorale.

  3. Dimension autofictionnelle.

  4. Postface de l’autrice.

  5. Avertissements: descriptions explicites d’agressions sexuelles, d’une tentative de meurtre et de scènes de prostitution; plongée dans la psyché et les fantasmes d’un prédateur sexuel.

Informations pédagogiques

Époque.s

Années 1990; retours en arrière vers la jeunesse du personnage masculin dans les années 1970-1980

Lieu.x

Montréal, Cantons de l’Est, Ontario, Allemagne, Guatemala, Costa Rica

Thème.s

Violence envers les femmes, misogynie, viol, déviance sexuelle, agression, traumatismes, reconstruction, guérison, voyage, histoire

Style et construction du récit

Diptyque où l’événement central, une tentative de meurtre, est raconté de deux points de vues différents. Chaque moitié du récit est composée d’un présent (voyage en Europe pour Ariane, incarcération pour Mino) et de retours en arrière (époque de l’agression pour Ariane, époque de la jeunesse pour Mino). Style cru, frontal, nerveux, percutant. 

Pistes de réflexion

  1. Soudain le Minotaure relate le même événement central, soit la tentative de meurtre de Mino sur Ariane, de deux manières différentes, selon le point de vue de chaque personnage. Identifier dans le texte les éléments qui divergent et les points de similitudes entre les deux récits.

  2. Dans sa postface, Marie Hélène Poitras raconte comment l’écriture de Soudain le Minotaure a été pour elle un passage de l’écriture de soi à la fiction, lorsqu’elle s’est mise à imaginer le personnage de Mino. Proposer aux étudiant·e·s un exercice d’écriture où iels sont appelé·e·s à relater un fait autobiographique et à le développer pour y ajouter une dimension fictionnelle.

  3. La trame sonore du roman est dominée par les grandes artistes alternatives des années 1990: Tori Amos, PJ Harvey et Portishead. Proposer un exercice d’écoute et d’analyse des textes de ces artistes, et discuter de la manière dont leur propos se rattache à celui du roman.

En complément

LECTURES

Putain, roman de Nelly Arcan
Marie-Hélène au mois de mars, roman de Maxime-Olivier Moutier
Les choses humaines, roman de Karine Tuil
King Kong théorie, essai de Virginie Despentes
La désidérata, roman de Marie Hélène Poitras

VERS D'AUTRES ARTS

Unbelievable, minisérie de Michael Chabon, Susannah Grant et Ayelet Waldman
La musique de Portishead, Tori Amos et PJ Harvey
Les œuvres de la sculptrice et peintre Niki de Sainte Phalle
Les œuvres de l’artiste de rue Anarkia Boladona

Extraits

  1. Pages 73-74

    Si nous devons aller témoigner, je serai leur force. J’arriverai en retard au palais de justice. Elles seront blêmes, lui vert. Moi, j’aurai le teint d’une starlette, maquillée par Alexandre, une perruque rouge sang comme mes yeux, un corset rembourré, un long pantalon cigarette en cuir moulant et ces talons hauts qui donnent des scolioses et des ongles incarnés aux prostituées de la Reeperbahn. Je parlerai comme une universitaire et leur dirai que je viens venger la féminité. Car au cours de ces attentats à répétition, la féminité était en cause. J’ai compris cette vérité beaucoup plus tard, après la phase du «pourquoi moi». 

  2. Page 154

    Par la sensation qu’il procure, le viol se rapproche de la crise d’épilepsie. Un sentiment de pure puissance, de perte et de désespoir s’empare de moi et je dois me rendre au bout du viol ou de la crise, parfois même malgré moi, parce que des gens attendent la suite des choses. Il faut bander et violer, ou alors laisser la crise nous envahir et attendre qu’elle s’achève. 

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