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Hélène Dorion

Pas même le bruit d'un fleuve - Hélène Dorion

Fiche de lecture

Quand Hanna découvre, parmi les effets de sa mère récemment décédée, des carnets, photographies et coupures de journaux, elle décide de descendre le cours du fleuve jusqu’à Kamouraska pour tenter de trouver le fil qui rattachera son histoire à celle de Simone, cette femme silencieuse, absente de sa propre vie.

Remontant le siècle, le long du Saint-Laurent, de Montréal à Pointe-au-Père, suivant des marées parfois cruelles, Hanna retrouvera la trace du premier amour de sa mère et retournera jusqu’en 1914, au moment du naufrage de l’Empress of Ireland. Elle apprendra qu’une catastrophe forme le tronc de tragédies intimes qui traversent les générations et que les survivants sont parfois les vrais naufragés. Sur cette route qui la conduit vers elle-même, elle pourra compter sur la force de l’art et de l’amitié pour éclairer sa quête. La poésie gonflant ses voiles, Pas même le bruit d’un fleuve emporte dans son sillage son lot de révélations, de miracles et de mystères.

*Des pièces musicales ont accompagné Hélène Dorion dans l'écriture de ce roman. Elle en a fait une liste de lecture disponible pour écoute sur Spotify.

 

Faits saillants

  1. Récit poétique divisé en courts chapitres (2-3 pages) selon un ordre non chronologique.

  2. Quête de sens (intime, filial, artistique, historique).

  3. Questions féministes, construction du sujet et agentivité (mariage, distribution des rôles, désir, écriture).

  4. Scènes de sexualité.

  5. Citations et références à plusieurs auteur·rice·s.

Informations pédagogiques

Époque·s

Contemporaine (2018);
Naufrage de l’Empress of Ireland (1914);
Première Guerre mondiale.

Lieu·x

Fleuve Saint-Laurent, Montréal, Québec, Les Éboulements, Bas-Saint-Laurent (Kamouraska, Rimouski, Sainte-Luce-sur-Mer, Pointe-au-Père), Route 132

Thèmes

Mémoire, filiation, perte et deuil, silence, souffrance transgénérationnelle, arts (poésie, peinture), nature et territoire, temps, quête identitaire, amour et amitié

Style et construction du récit

Récit non linéaire où les points de vue narratifs s’accumulent (la mère, la fille, l’amant) et où s’enchevêtrent les événements personnels et historiques. Des repères spatio-temporels (« Montréal, 2018 », « Kamouraska, 1949 », etc.) divisent le roman en courtes sections. La prose poétique est parsemée de réflexions intimes et philosophiques.

Pistes de réflexion

  1. Enquête : Inviter les étudiant·es à creuser la tragédie de l’Empress of Ireland (photos, vidéos, documents d’archives, témoignages) et à partager un fait qui retient leur attention.

  2. Création : Présenter la vidéo « Hélène Dorion - Pas même le bruit d’un fleuve » (extrait lu par l’autrice, film de Pierre-Luc Racine) et proposer l’écriture d’un court texte (poème ou prose) inspiré d’un plan, d’un mot, d’une phrase ou d’une émotion ressentie pendant le visionnement.

  3. Présentation (orale ou écrite) : Pour Han, le fleuve peut raconter « un autre fragment de l’histoire » (p. 117). Les étudiant·es sont appelé·es à présenter un paysage (forêt, plaine, parc, etc.) dans lequel s’inscrit un événement historique ou personnel.

  4. Réflexion : « Les poèmes sauvent-ils de la souffrance ? À quoi servent-ils quand on traverse un océan déchaîné ? » (p. 85) Questionner le rôle et la force de la poésie en mobilisant des exemples du roman (carnets de Simone, pratiques artistiques d’Hanna et de Juliette, poésie de l’autrice). L’exercice réflexif peut faire l’objet d’une discussion en classe ou d’une courte dissertation.

En complément

Lectures

Quand viendra l’aube, roman de Dominique Fortier;
Femme fleuve, roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette;
Rien ne s’oppose à la nuit, roman de Delphine de Vigan;
Le temps du paysage, récit avec photographies d’Hélène Dorion;
L’histoire qu’on invente est peut-être la nôtre, extraits d’un carnet de notes d’Hélène Dorion.

Vers d'autres arts

Sombré dans l’oubli : l’histoire de l’Empress of Ireland, documentaire d’Alain Vézina (disponible sur le site de l’ONF);
Le dernier voyage, spectacle multimédia dans le musée du site historique maritime de la Pointe-au-Père;
Trois temps après la mort d’Anna, film de Catherine Martin;
Hélène Dorion — Pas même le bruit d’un fleuve, liste des pièces musicales écoutées par l’autrice pendant l’écriture du roman;
Temps 9, concert littéraire d’Hélène Dorion en collaboration avec Les Violons du Roy.

Extraits

  1. Page 14

    «Vers quelle île suis-je en train de dériver ? se demande-t-elle. Une île où l’on n’existe plus vraiment, où l’on cherche un point de clarté au milieu de la nuit, une source vers laquelle on est ramené, un rivage qui pourrait être un début du monde ou de notre propre existence, le rien qui cogne sur le rien et engendre des millénaires, quelques atomes au creux du néant, et cela suffit pour que la vie commence.»

  2. Page 23

    «Les moments où ma mère restait assise, silencieuse, et semblait perdue dans ses pensées, je n’imaginais pas qu’elle puisse souffrir. Il y avait tant d’autres moments où elle parlait, riait, s’agitait dans tous les sens pour terminer une chose ou en commencer une autre, je ne pouvais deviner que, bien avant ma naissance, une bombe avait éclaté en elle. La douleur s’était propagée dans son cœur, son ventre, sa tête et son regard, et n’en était jamais ressortie.»

  3. Page 42

    «Juliette me répète souvent que l’absolu que je cherche n’existe pas. Des êtres de contradictions, voilà ce que nous sommes, me dit-elle, des créatures floues, contrastées, tendues entre joie et tristesse, entre toujours et jamais, des êtres ambigus qui ont du mal à supporter l’ambiguïté. Nous doutons et c’est ce qui nous pousse à explorer, à laisser nos regards dériver pour accueillir en cours de route ce qui surgit, ces petits émerveillements qui nous transforment.»

  4. Page 64

    «Comme le font les absents, ma mère me raconte les heures qui ont basculé loin dans le passé et celles qui approchent comme des vagues noires. En me parlant tout bas, elle semble chercher elle aussi quelque chose dans cet espace flou entre le ciel et la mer, comme si d’autres absents y avaient laissé une trace.»

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