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Neil Smith

Jones - Neil Smith

Fiche de lecture

Abi Jones a la capacité de projeter son âme dans le corps des animaux – et dans celui d’un seul être humain : son frère Eli. Ce lien indéfectible leur permet de tenir le coup face à l’alcoolisme et la brutalité paternelle et à l’indifférence maternelle. Entre Montréal, Boston, Salt Lake City et Chicago, les deux enfants grandissent, unis par leur sens de l’humour décapant, leurs expériences douteuses et leur amour des mots.

La vie suit son cours à Jonestown, la ville qu’on ne peut jamais quitter même en déménageant à l’autre bout du continent. Mais un jour, Eli fait une découverte qui bouleverse son monde et révèle l’ampleur de la souffrance d’Abi. À l’aube de l’âge adulte, le frère et la sœur se soutiennent comme ils le peuvent, mais les ravages de Jonestown emportent Abi de plus en plus loin, là où Eli ne pourra bientôt plus la rejoindre.

Drôle, cruel, tendre et tordu, Jones est un roman initiatique inoubliable, une ode à la force des liens fraternels, le récit honnête d’une enfance meurtrie, d’une survie difficile et des limites de l’amour.

Traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné

Titre original: Jones

Faits saillants

  1. Un roman à la croisée de la fiction et de l’autofiction avec une touche de réalisme magique

  2. Nombreux déménagements (souvent forcés) d’une ville à l’autre

  3. Découverte de la bisexualité

  4. Inceste, suicide et famille dysfonctionnelle

  5. Relation de proximité très forte entre les deux personnages principaux, Abi et Eli. Une photographie de la sœur de l’auteur (Gail Smith) se trouve à la dernière page du livre. Le roman est d’ailleurs inspiré de la vie de l’auteur

  6. Abi et Eli nomment chacun des endroits habités par leurs parents «Jones Town» en référence à la secte de Jim Jones et à leur nom de famille

Informations pédagogiques

Époque

Contemporaine (années 70 à aujourd’hui)

Lieux

Middlesex County, Salt Lake City, Cook County, Montréal (Verdun, Centre-ville, Mile End et Outremont), Toronto, Scarborough, Manhattan

Thèmes

enfance, fraternité, création littéraire, traduction, déménagements multiples, amour, violence, inceste, bisexualité, art, famille dysfonctionnelle

Style et construction du récit

Récit linéaire narré par Eli Jones que l’on suit à travers ses déménagements d’une ville à l’autre et son passage de l’enfance à l’âge adulte. Plusieurs éléments, qui semblent banaux de prime à bord, se retrouvent chargés de signification au fil du texte, ce qui crée des effets de surprises saisissants et tisse la narration avec finesse. Malgré le fait que certaines thématiques abordées soient plus difficiles, il nous paraît nécessaire de les aborder avec les étudiant·e·s. Le ton attachant et humoristique du personnage et la beauté qui émane de ce roman en font une œuvre équilibrée et touchante qui stimule l’imaginaire.

Pistes de réflexion

  1. Dans (aparté), Neil Smith dit qu’« [a]vant d’entamer l’écriture de Jones, [il a] lu une entrevue de l’écrivaine américaine Ottessa Moshfegh qui affirme qu’elle ne commence un projet de livre que si le sujet lui fait très peur. [Et que] Jones [lui] fait très peur. » Ainsi, proposer aux étudiant·e·s d’écrire un texte sur ce qui leur fait peur, sur ce qui leur est difficile d’écrire.

  2. Aborder, à partir de l’œuvre, les différences entre les écritures du réel, l’autofiction et la fiction et parler des frontières poreuses entre les genres. Inviter les étudiant·e·s à écrire un fragment sur leur enfance ou sur leur famille, puis à le réécrire en y ajoutant un élément fictionnel ou magique tel que le renard dans Jones. Retour sur l’activité en groupe par la suite.

  3. Dans Jones, Neil Smith s’inspire du livre pour enfant Fantastique Maître Renard de Roald Dahl et du conte Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Inviter les étudiant·e·s à choisir un conte ou un livre de leur enfance qui inspirera l’écriture d’un texte ou repérer quels éléments de ces contes se retrouvent dans le roman. Inviter les étudiant·e·s à trouver d’autres œuvres littéraires qui s’inspirent de contes.

  4. Proposer aux étudiant·e·s de repérer les passages et les détails qui semblent avoir inspiré la page de couverture du livre et leur donner l’exercice de décrire celle-ci ou encore l’œuvre d’une autre couverture (réelle ou imaginée).

En complément

Lectures

La belle bête, roman de Marie-Claire Blais (le roman qu’Éli traduit dans le chapitre « Cook Country »).

Chaque automne j’ai envie de mourir de Véronique Côté et Steve Gagnon (« Cherbub », la nouvelle qu’Eli récite dans le chapitre intitulé « Toronto » s’inspire du texte « Spasme », tiré de ce recueil)

C’est pas moi, je le jure (roman qu’Éli traduit dans le chapitre intitulé « Outremont ») de Bruno Hébert

La ballade de Baby d’Heather O’Neill (échos avec cette œuvre)

Les autres livres de Neil Smith : Boo, Big Bang ou plusieurs nouvelles disponibles sur le site d’Alto

Vers d’autres arts

Les photographies des artistes américaines Cindy Sherman et de Diane Arbus

Les œuvres des artistes américains Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Andy Warhol et Edward Gorey

La pratique de Camille Trudel, l’illustratrice de la page de couverture du roman https://www.claudegirard.com/artistes/camille-trudel/

Les films «Mysterious Skin», «Le prince des marées» et «The Virgin Suicides­»

Pour en savoir davantage sur la démarche de l’auteur Neil Smith et de l’illustratrice Camille Trudel sur notre (aparté), c’est ici : https://editionsalto.com/aparte/jones-ou-smith/
https://editionsalto.com/aparte/camille-trudel/

Extraits

  1. Page 314

    « “C’est toi, Abi ?” Le renard cligne de ses yeux orange. Puis il se redresse, hérisse ses poils couleur rouille et me regarde d’un air intrigué. Je demande : “Qu’est-ce que tu fais dans ce renard ?” Et le renard, avec la voix d’Abi, répond : “Je me sauve de moi-même, Jones.” »

  2. Page 85

    — De toute façon, à Manhattan, c’est toi qui nous feras vivre. Quand tu seras écrivain.
    — Je sais pas écrire.
    — Tu fais que ça.
    — Des listes, des tableaux, des trucs du genre.
    — Tu travailles sur des livres.
    — Je copie les livres des autres. Mot à mot. Sinon, je traduis des bédés*. Traduire des Tintin ou des Astérix, c’est pas écrire.
    — Un jour, t’écriras tes livres à toi.

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